vendredi, août 03, 2007

Chet.

Le cliché traditionnel du club de jazz : lumière mauve, épaissie par la fumée des cigares, tables semées au vent, scène obscure où d'illustres sont passés...
Cette légère angoisse, cette peur d'être un intrus, m'avait traversé la première fois. Je poussai la porte, ma trompette à la main, il était 18h. On m'offrit de manger mais je refusai, je prétextai ne pas avoir faim. Je fumai quelques cigarettes, le ventre noué. C'est là que je vis pour la première fois Don. Big Don, ce surnom qui appelle une gloire insaisissable. Nous discutâmes longuement sur des sujets aussi variés qu'inutiles, déjà je sentai en lui un ami et cela me réjouit; moi, arrivé depuis deux semaines à New York, parti à l'aventure et ne connaissant personne à part les gens que j'avais laissé loin de moi, à leur grand regret. 22h, la scène était enfin libre, ce qui me convenait fort bien, j'avais envie d'en finir. De talentueux jazzmen venaient de s'affronter, je terminais la soirée, j'étais là pour calmer les esprits. C'est rassurant de se donner un rôle, finalement je n'étais là que parce qu'on le voulait bien et je faisais petite figure après cette démonstration de classe et de style, ce flot de notes ennivrant.

J'avais appris à jouer de mon instrument seul, et je n'en étais pas peu fier. Il m'avait couté 2 mois de travail dans une fabrique de conserves, je le chérissais. Ce n'était pas le meilleur mais il me convenait. Et me voilà, accompagné par un grand échalat à la batterie et un vague type au piano. C'étaient Al et Dean, à vrai dire ils n'étaient pas fabuleux. J'entamai les premières note, les autres me suivirent (nous avions répété plusieurs heures la semaine précédente). Je devais faire mes preuves, ce fut un fiasco, cette timidité l'emportant sur ma volonté et sur les mouvements que je tentai d'imprimer à mes doigts. Néanmoins le boss me donna une seconde chance, je fis à peine mieux.

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