mardi, juin 03, 2003

Un tiroir...une armoire...
Papy avait décidé de se relever, le temps passé devant la fenêtre de cette cabane forestière l'avait peut-être rendu las au bout de ces 4 heures. 4 heures à regarder la pluie lécher ses minces vitres onduleuses, déformant les arbres, leur donnant une nouvelle forme, rendu plus flou encore ce tapis de brindilles boueuses, parsemé de champignons, limaces et vers. Il alla attiser le feu, se frotta les mains, s'assit sur son vieux fauteuil à lignes vertes et bordeaux, terne, triste et morne. Il était tout près de la cheminée, les bras croisé sur son ventre gonflé par le temps, peut-être un signe avant-gardiste de sa mort prochaine. De ses mains caleuses, il prit la petite boîte en fer blanc, sur laquelle il y avait le portrait de la famille royale et qui auparavant contenait des biscuits secs, des sablés, des chocolats. Probablement que c'était son fils qui lui avait offert... Ce petit porc de Norbert... ou sa soeur, la douce Bernadette. Cette boîte contenait des fragments picturaux de lui, d'eux, de tout ces autres qui l'avaient rendu Lui, qui l'avaient fait tel qu'il était, auprès de qui sa vie était devenue plus belle, moins triste, plus chaude. C'était si loin tout ça, le froid s'infiltrait en un long râle sous la porte... A la châleur du feu, notre vieil homme s'endormit, le feu s'éteind, la larme qu'il avait laissé couler le long de sa joue ridée avait gelé... son coeur ne battait plus.